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Le commerce mondial devrait se contracter de près de 5 % en 2023 en raison des tensions géopolitiques et de l'évolution des circuits commerciaux

12 décembre 2023

Le commerce mondial devrait terminer l'année en recul de 5 % par rapport au niveau record de 2022, se contractant d'environ 1 500 milliards de dollars pour passer sous la barre des 31 000 milliards de dollars, selon le dernier Global Trade Update de la CNUCED.

© Shutterstock/s_oleg

Les perspectives pour 2024 restent « très incertaines et généralement pessimistes », indique la CNUCED dans son Global Trade Update publiée le 11 décembre, citant des facteurs tels que les tensions géopolitiques persistantes, l'escalade de la dette et la fragilité économique généralisée.

D'autres éléments pèsent sur le commerce, notamment la baisse de la demande dans les pays développés, la diminution des échanges en Asie de l'Est, l'augmentation des mesures de restriction du commerce, la volatilité des prix des produits de base et l’accroisssement des chaînes d'approvisionnement, en particulier entre la Chine et les États-Unis.

Toutefois, le rapport note quelques tendances positives en 2023.

Il s'agit notamment d'une légère augmentation des volumes commerciaux, suggérant une demande mondiale résiliente pour les importations, et d'une augmentation de 500 milliards de dollars du commerce des services. Le secteur a progressé de 7 % en 2023, en partie grâce à une reprise retardée suite à la pandémie de la COVID-19.

En outre, certaines économies en développement, en particulier le Mexique et les pays d'Asie de l'Est, ont eu l'occasion de mieux intégrer les chaînes d'approvisionnement affectées par les tensions géopolitiques.

Tendance à la hausse du « friendshoring »

Le rapport montre que les structures du commerce mondial sont de plus en plus influencées par la géopolitique, les pays affichant des préférences pour des partenaires commerciaux politiquement alignés, une tendance qualifiée de « friendshoring ».

Cette tendance s'est accentuée depuis la fin de l'année 2022. Parallèlement, la proximité géographique dans le commerce international - nearshoring ou far-shoring - est restée relativement stable.

Le rapport met également en évidence une nette augmentation de la concentration des échanges. « Il y a eu une diminution globale de la diversification des partenaires commerciaux, ce qui indique une concentration du commerce mondial autour des principales relations commerciales. »

Augmentation des mesures restrictives au commerce

Le Global Trade Update note une augmentation significative en 2023 des mesures restrictives au commerce, en particulier des mesures non tarifaires (MNT).

Cette hausse s'explique par la résurgence des politiques industrielles et par la nécessité pressante pour les pays de respecter leurs engagements en matière de climat. Ces facteurs ont incité les pays à favoriser les politiques qui soutiennent les industries nationales et réduisent la dépendance à l'égard des chaînes d'approvisionnement étrangères.

Un autre rapport récent de la CNUCED, intitulé « Trade regulations for climate action », a recensé 2 366 MNT liées au changement climatique qui affectent 3,5 % de tous les biens potentiellement commercialisables et couvrent 26,4 % du commerce mondial.

« Ces politiques de repli sur soi devraient entraver la croissance du commerce international », indique le Global Trade Update.

Un bilan mitigé dans les principaux secteurs

Le Global Trade Update présente un tableau contrasté selon les secteurs économiques.

Le rapport indique un déclin en 2023 pour les équipements de bureau et de communication (-17), les textiles (-13%) et l'habillement (-11%).

En revanche, des secteurs comme les véhicules routiers et les équipements de transport ont connu des taux de croissance de 13 % et 25 %, respectivement. Toutefois, la tendance annuelle positive dans ces secteurs s'est infléchie au troisième trimestre 2023.

En 2024, le secteur des matières premières est confronté à une incertitude continue en raison des conflits régionaux persistants et autres tensions géopolitiques. Le besoin croissant de sécuriser les minéraux critiques, essentiels à la transition énergétique, devrait ajouter à la volatilité de ces marchés.