« Plus belle la vie » : dans les coulisses d'un retour très attendu

REPORTAGE. Le feuilleton quotidien ressuscité par TF1 est diffusé à partir du 8 janvier. Son succès d’audience est scruté par la chaîne et les acteurs de l’économie locale autour de Marseille.

Par Caroline Douteau, à Marseille (Bouches-du-Rhône)

Tournage de la série « Plus belle la vie, encore plus belle » dans les studios de la Belle de Mai à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Tournage de la série « Plus belle la vie, encore plus belle » dans les studios de la Belle de Mai à Marseille (Bouches-du-Rhône). © Capa Pictures/©Nedim Imre

Temps de lecture : 6 min

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Les faibles températures ne les ont pas refroidies. Emmitouflées dans leurs doudounes, bonnets de laine sur la tête, Lucienne et sa fille Michèle se sont postées sur la place de la ville d'Allauch, porte d'entrée des collines chères à Marcel Pagnol. Depuis qu'elles ont appris que le tournage de leur programme fétiche avait repris à l'automne, elles guettaient le jour propice pour assister à une scène en « live » dans cette ville de 22 000 habitants au nord-est de Marseille (Bouches-du-Rhône).

Le 5 décembre dernier, voilà donc les deux pétillantes Marseillaises qui assistent, dans un silence quasi religieux, à une prise de vue sur la place de l'Hôtel de ville, qui sert de décor naturel au nouveau Mistral. Anne Décis, alias Luna, une « historique » de la série, donne la réplique au comédien Renaud Leymans sur la terrasse du bar du Mistral. À la seule évocation du lieu fictif, centre névralgique des intrigues du feuilleton, les deux fans sont émues. « Nous suivions Plus belle la vie quasiment depuis le début. Alors ce retour, c'était inespéré », confient-elles.

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22 ans, 18 saisons et 4 665 épisodes

France 3 a mis fin à son feuilleton quotidien le 18 novembre 2022. Après 22 ans d'existence, 18 saisons et 4 665 épisodes, la chaîne laissait alors 2,5 millions de téléspectateurs dépossédés, des studios de 20 000 m(ceux de la Belle de Mai à Marseille) vides, des centaines d'entreprises et d'intermittents du spectacle sans contrat. Et des comédiens « endeuillés ».

À LIRE AUSSI Dans les coulisses de la fin de « Plus belle la vie » Le plus long feuilleton de la télévision française, avec des pics d'audience à 7 millions de téléspectateurs, est « le premier feuilleton à la française qui a fédéré un public large », rappelle Anne Didier, directrice artistique de la fiction française chez TF1, qui relance la série à partir du 8 janvier.

Diffusée dans une dizaine de pays, et sur tous les continents via TV5 Monde, Plus belle la vie est aussi synonyme du rayonnement d'une ville, Marseille. Elle a initié « un grand mouvement de structuration des industries culturelles et créatives sur Marseille », souligne Laurent Lhardit, adjoint en charge du dynamisme économique, de l'emploi et du tourisme durable à Marseille.

Une machine de guerre

Un an et demi aura finalement suffi à Newen Studios – qui produisait déjà l'ancienne version – et TF1 pour relancer « la machine de guerre », comme la qualifie la comédienne Cécilia Hornus (alias Blanche Marci), toujours au casting.

En avril 2023, Vincent Meslet, directeur général de Newen, annonce à son équipe la bonne nouvelle. À l'été, après signature d'un accord avec la mairie de Marseille pour réinvestir les lieux à un tarif préférentiel et progressif, tout a été reconstruit en un temps record. « Nous avions trois mois pour monter quatre décors, lancer les castings et terminer le recrutement », raconte Clémentine Planchon, la productrice.

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Cette « première saison » du feuilleton a pu profiter de l'expérience des équipes historiques et des habitués. « Sans eux, c'était infaisable, assène Thierry Machari, directeur de production. À l'écriture et à la technique, c'est à 50-50 entre les anciens et le sang neuf. » Idem pour le casting.

Retour donc à l'écran pour Laurent Kérusoré, Léa François, Anne Décis, Cécilia Hornus, Sylvie Flepp, Marie Hennerez et Stéphane Henon… Des anciens comme Élodie Varlet et David Baiot feront aussi des apparitions les premières semaines de diffusion.

Fédérer un nouveau public

Côté sang neuf, dix nouveaux personnages, dont les trois membres d'une famille de pouvoir, les Kepler. Les adeptes de The Voice reconnaîtront Jérémy Charvet, candidat de l'émission en 2015, dans la peau du fils. À la tête d'un nouveau commissariat, Moon Dailly, comédienne franco-américaine et ancienne animatrice télé. À ses côtés, un inspecteur très sérieux nouvellement muté, incarné par Iñaki Lartigue.

La stratégie de TF1 est assumée : « Il s'agit de séduire des fidèles de la première heure tout en fédérant un nouveau public », nous explique Anne Didier, qui entend bien « capitaliser sur l'ADN de la série : le vivre ensemble et les sujets de société ».

Le nouveau décor de « Plus belle la vie, encore plus belle ».
 ©  ©Nedim Imre/Capa Pictures
Le nouveau décor de « Plus belle la vie, encore plus belle ». © ©Nedim Imre/Capa Pictures

Point de départ de cette renaissance : un effondrement du quartier du Mistral, à la suite d'une explosion. Une histoire qui fait écho aux événements de la rue de Tivoli à Marseille, en avril 2023, date à laquelle deux immeubles s'étaient effondrés.

Mais pas de révolution scénaristique générale. « L'image familiale, intergénérationnelle et rassurante du feuilleton est préservée », promet Stéphanie Brémont, directrice générale adjointe en charge des feuilletons et séries longues chez Newen. Le changement est à attendre côté réalisation, avec un vrai coup de jeune. « Belle image, lumière réaliste, décors upgradés », résume ainsi la réalisatrice référente Claire de la Rochefoucauld.

Une qualité d'image cinéma

À la voir diriger au cordeau comédiens et équipe dans le décor du cabinet médical, il est clair que l'exigence est de mise. Les steadicams ont été remplacées par un rail de travelling « pour apporter un point de vue », explique-t-elle.

À LIRE AUSSI « Un monument qui s'effondre » : France 3 enterre « Plus belle la vie » La production a également acquis cinq caméras Arri 35, garantissant une qualité d'image cinéma. Une fierté pour la réalisatrice, « car c'est une première sur une quotidienne ». La lumière studio est aussi retravaillée, pour davantage de réalisme. « Finies les ruptures entre le décor naturel de la place du Mistral et l'intérieur du bar », promet-elle.

Avec un commissariat de police flambant neuf, une résidence intergénérationnelle et un bar vintage branché, les décors de la Belle de Mai sont montés en gamme. Leur conception a été confiée à une énorme équipe de 86 personnes, dirigée par le chef décorateur Francis Guibet, venu du cinéma. Un appartement de 250 m2 a également été entièrement refait au cœur de Marseille.

Un effet incontestable pour la ville

Les tournages en décors naturels sont désormais à égalité avec les scènes en studio. Selon une convention entre TF1, Newen et la ville d'Allauch, trente jours de tournage par an sont garantis à la commune. « Et cela pourrait augmenter rapidement », estime le maire Lionel de Cala, qui espère des retombées rapides pour le tissu économique local.

Au bar de l'Hostellerie, dont l'enseigne est remplacée les jours de tournage pour devenir le bar du Mistral, on se félicite de cette révolution à l'œuvre. « C'est une superbe publicité pour la ville et mon établissement », se félicite le patron Jeff Perrone. Avant même la diffusion, les curieux affluent déjà… « Et si après je suis débordé, tant mieux, je pourrai embaucher ! »

Pour Marseille, il y a eu « un effet Plus belle la vie incontestable ». Laurent Lhardit, adjoint à la mairie, s'appuie sur une évaluation de l'Office de tourisme. « À l'époque de l'engouement pour le feuilleton, 100 000 visiteurs venaient avec comme première motivation de retrouver les lieux de leur série préférée. »

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Entre 150 et 200 intermittents du spectacle travaillent chaque jour sur Plus belle la vie, encore plus belle, dont 90 % embauchés localement. Et la nouvelle configuration de la série devrait générer un socle d'activité pour 1 000 intermittents du spectacle chaque année, ainsi que des dizaines de prestataires. « C'est tout un écosystème qui est suspendu à l'existence de la série », souligne Thierry Machari, le directeur de production.

Plus belle la vie, encore plus belle pour l'économie locale… La question va désormais se poser pour le diffuseur ? Avec un horaire longtemps tenu secret – l'après JT de 13 heures –, qui attire en moyenne 4 millions de téléspectateurs, TF1 espère renforcer ses audiences de la mi-journée. Le feuilleton sera également disponible en replay sur la nouvelle plateforme de streaming de la chaîne, TF1+, lancée le même jour. Rendez-vous le 8 janvier.

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Commentaires (8)

  • Le sanglier de Génolhac

    Ce navet n'a rien de commun avec la vraie vie. Il décrit simplement la société telle que les "élites" (!) veulent nous l'imposer. Encore une fois ne cherchez pas le réel ici, il n'est pas là. Mais... Faut pas le dire.

  • INTERSTELLAR

    Poubelle la vie.

  • AllonsBon

    Très attendu, par qui ? Si c’est du meme niveau d’elevation spirituelle et culturelle que les saisons précédentes…