Rhodia ferme l'unité de carboxylation de Leuna
Boostée en 2001, pour une fermeture en 2004 ! Sévère constat d'échec. Même si, de l'aveu même du chimiste français, il ne s'agit que d'une petite unité (2 400 tonnes produites par an), l'atelier de carboxylation de Rhodia, à Leuna (Saxe-Anhalt), qui doit fermer ses portes en septembre, aura connu un sort étrange.
Reprise par Rhône-Poulenc en 1994, lors de la privatisation des Länder du Nord, cette usine d'acide salicylique (aspirine) est modernisée en 2001 pour pouvoir produire également de l'acide parahydroxybenzoïque (PHBA), le précurseur des cristaux liquides. « Cette matière était alors en plein boom, avec une croissance de 25 % par an », précise le chimiste. Mais Rhodia frappe trop tard. La mise en service de l'unité de carboxylation, remise à neuf, intervient en 2002, alors que la crise de l'électronique bat son plein, que les surcapacités sont légion, et que les prix s'effondrent. Résultat : depuis son inauguration, le seul site de production de PHBA du groupe n'est jamais parvenu à être compétitif face aux concurrents asiatiques.
Une difficulté de plus pour Rhodia PPA (Perfumery, Performance and Agro), qui rassemble la chimie organique du groupe, et appartient à la branche du chimiste (pharma & agro) la plus éreintée en 2003 : une marge d'exploitation de seulement 2 % pour 713 millions d'euros de chiffre d'affaires. Une difficulté de trop. Sommée par la nouvelle direction de se restructurer, Rhodia PPA a choisi, après les coupes franches à Saint-Fons (Rhône) et Mulhouse-Dornach (Haut-Rhin), où 117 et 25 postes devraient être supprimés cette année, de sacrifier une partie de Leuna. Des précisions sont attendues lors du comité de groupe européen restreint du 6 mai, mais au total, selon Rhodia, « moins d'une vingtaine de postes devraient être touchés par cette mesure ». Une mesure, qui sonne cependant le glas de la production de PHBA du chimiste.
Pour la fabrication d'acide salicylique, touchée également par cet arrêt, Rhodia dispose d'une usine brésilienne à Paulinia et une à Roussillon (Isère), plus compétitives que Leuna. Car, à l'inverse du site allemand qui fonctionne en batch, ces deux usines fonctionnent en continu.
L'augmentation de capital devrait être finalisée mi-mai
Parallèlement à ces événements industriels, le chimiste poursuit le refinancement de sa dette colossale (3,24 milliards d'euros fin 2003 pour un chiffre d'affaires de 5,45 milliards). L'augmentation de capital, qui doit être finalisée mi-mai, passe ainsi de 600 à 700 millions d'euros. Cette somme servira à déposer, dès l'opération terminée, une offre de rachat des 500 millions d'euros d'obligations EMTN 2005. Ces transactions laisseront au chimiste, en difficulté, un répit salutaire d'un an et demi, la prochaine échéance de ses remboursements étant prévue pour 2006.